Testimonial
Angèle Soro
Angèle Soro
Testimonial
1. Quelle est votre fonction actuelle, votre affiliation et sur quoi travailler-vous actuellement ?
Je suis Enseignant-chercheur à l’Université Jean Lorougnon Guédé de Daloa (Côte d’Ivoire). Dans mon pays, la méliponiculture (élevage des abeilles sans dard) est quasi inexistante et malgré l’importance de ces abeilles, très peu d’étude existe sur leur diversité, leur écologie et leur biologie. Mon projet de recherche actuel consiste donc à évaluer le potentiel de domestication des abeilles sans dard à travers différentes thématiques, afin de maintenir et mieux bénéficier de leur service écosystémique.
2. Quelles sont vos aspirations, vos ambitions ?
J’ai un projet qui me tient à cœur, celui de mettre en place une ferme pédagogique apicole (Apiculture et meliponiculture) au sein de l’université dans laquelle je travaille. La ferme aura comme objectifs un appui pédagogique à la formation et aux activités de recherche des étudiants, la production et la commercialisation des produits du rucher. Cette ferme pourra être aussi un lieu de découverte de la passionnante organisation de la société des abeilles et du métier d’apiculteur pour les élèves et autres personnes intéressées par ces insectes fascinants. J’ambitionne être l’une des plus grandes productrices de miel bio afin d’approvisionner mon pays et exporter ce produit tant prisé par les populations, et même faire la transformation du miel en d’autres produits.
3. Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontée en tant que femme scientifique ?
Lorsque j’étais encore étudiante, surtout durant ma thèse, j’entendais très souvent les remarques telles que « tu as trop duré dans les études, passe un concours pour pourvoir aider financièrement tes parents ; quand est-ce que tu envisage fonder une famille ? Car ton âge avance ; tu voyages trop dans le cadre de tes recherches, les hommes n’aiment pas cela…. ». Juste pour dire qu’en Afrique, l’entourage peut être un obstacle à l’épanouissement de la femme scientifique. Etant jeune chercheur, j’ai des enfants encore à bas âge. C’est très souvent compliqué de voyager, aller faire des séminaires, des formations et autres activités indispensable à ma carrière professionnelle et à mes travaux de recherche, parce qu’il faut pouvoir trouver une personne qui accepte de s’occuper des enfants, ce qui n’est toujours pas facile. Cette situation me peine parfois car mes collègues hommes n’ont pas ce soucis, ils se consacrent entièrement à leur travail. Cependant, Dieu merci, avec une bonne organisation, j’arrive à concilier ma vie de femme scientifique et ma vie familiale. De plus, le milieu de la recherche est très compétitif et les structures de financement de projets ne sont pas nombreuses, il est donc difficile de trouver des financements pour mener à bien les projets de recherche.
4. De quoi auriez-vous besoin pour relever ces défis et réaliser ces ambitions ?
J’aurai surtout besoins de partenaires et de financement ou de matériels pour réaliser mes ambitions.
5. Quel message donneriez-vous à toutes les filles et jeunes femmes qui veulent se lancer dans des études et des carrières scientifiques ?
Je dirais à toutes les filles et jeunes femmes qui veulent se lancer dans des études et carrières scientifiques de persévérer, de ne pas se décourager quelque soit les difficultés qu’elles rencontreront lors de leurs parcours. Je leur dirai d’avoir l’amour du travail bien fait et d’avoir des modèles de femmes scientifiques inspirantes. Car durant mon parcours, j’ai eu à côtoyer des femmes scientifiques dévouées à la recherche, charismatiques dirigeant des équipes de recherche avec des partenaires nationaux et internationaux. Je me suis fixée alors comme objectif de devenir comme elles. Le fait d’avoir des modèles était pour moi une source de motivation lorsque je traversais des moments difficiles et que je voulais tout abandonner. Il faut aussi que ces jeunes femmes croient en leurs potentialités et qu’elles aient confiance en elles.